Interview avec Neṣem Ertan : “Le planning devient quête de sens”

Interview avec Neṣem Ertan :

“Le planning devient quête de sens”

Peux-tu nous rappeler un peu ton parcours ?

J’ai commencé en 2009 dans le planning stratégique à Paris.

C’est un métier que chacun fait à sa manière, un métier qui se réinvente sans cesse dans un secteur qui se cherche et un monde qui change. La vie de freelance ajoutée à cela, on multiplie rapidement les types de projets.

J’ai porté pas mal de casquettes. J’ai été planneuse, content strategist, channel planner, formatrice insights, facilitatrice design thinking, coach design à l’Iscom auprès des Master 2 Creative Design Branding pendant 3 ans.

J’ai travaillé pour des marques comme Leroy Merlin, en média pour 14H chez Media Figaro, en agence (Betc Digital, Passage Piéton, Publicis Moxie...), avec des structures sociales comme Simplon, La Ruche, Prépsy. La liste est longue.

En 2015, j’ai ressenti le besoin de mieux comprendre l’humain dont j’analysais depuis 6 ans déjà les comportements et préoccupations au nom des marques. J’ai décidé de faire une année de formation au Serenity Institute et j’ai obtenu ma certification RNCP pour être coach personnelle et professionnelle.

Qu’est-ce que cette formation t’a permise?

Je maîtrise désormais les sciences cognitives, comportementales et systémiques dans une nouvelle dimension. Je développe de nouvelles méthodologies qui permettent de questionner comment nous pouvons créer de la valeur en restant alignés avec la Nature en nous et autour de nous. Je travaille de plus en plus avec des entrepreneurs et entrepreneuses sociales en phase de lancement. En mixant des outils à la fois de stratège et de coach je les aide à définir leurs forces et leurs passions, à comprendre là où leurs terrains de jeu se croisent avec les besoins et les opportunités de leurs communautés.

Ainsi les marques de demain se créent aujourd’hui.

Il ne s’agit plus uniquement de vouloir “faire du green ou du responsable”. Il s’agit d’être vrai·e et ancré·e dans une réalité personnelle et/ou locale que l’on pourra aussi connecter à des synergies plus globales.

Ces réflexions ont donné naissance à mon premier livre que j’ai publié en février sur Amazon en anglais : My Life Coach is a Tree : The Anatomy of our Natural Balance. J’y explore ce que signifie la notion d’équilibre et quelles sont les lois naturelles à respecter pour être soi-même équilibré avant de pouvoir devenir une collectivité équilibrée. Ce travail m’a permis de donner forme à de nouveaux framework que j’utilise désormais dans mes accompagnements.

Je tiens à nourrir cette nouvelle créativité à ma façon. C’est pourquoi j’anime depuis 5 semaines une room #Create4Good sur ClubHouse. C’est tous les vendredis On fait ça avec quelques amis dont Anne-Marie Bruno qui a cofondé l’agence Son Of. Nous avons quelques co-modérateurs fréquents comme Laëtitia Lesher, Mathieu Flaig, Emilie Bourgouin.

Le format commence à s’ancrer. Nous recevons chaque semaine des leader de projets à impact pour nous inspirer, les interviewer ensemble et imaginer ce que nous devons faire pour co-créer un monde meilleur. Cette semaine nous rencontrons Vincent Péquignot, fondateur de Gamabilis. Ils créent des jeux à impact positifs et des serious games. J’ai hâte.

J’en profite pour inviter les lecteurs et freelances de CreativLink qui souhaiteraient participer à nos room en tant que co-host à me contacter.

Quels sont à tes yeux les plus grands challenges sur cette voie ?

Il n’est pas simple de générer des revenus en faisant “le bien” dans le monde tel que nous l’avons construit jusqu’à présent. Nous avons récemment vu les débats autour d’un grand patron qui aurait fait trop de “responsable”, mais pas assez de chiffre.

Des cercles comme Boma se créent justement pour que nos leaders et communautés ne soient pas contraints à choisir entre les besoins de nos marchés et ceux de notre planète. C’est une transition progressive à orchestrer ensemble et de façon intelligente. Nous avons besoin d’être encore plus soudés face à ces défis, encore plus audacieux et bienveillant.

Dans un premier temps, je dois avouer que j’ai ressenti le besoin de cesser de collaborer avec les grandes structures. C’était instinctif. J’avais besoin de prendre du recul et de sortir du système pour pouvoir développer ma propre vision du futur. La pandémie a aussi été une période propice à se recentrer pour trouver son ancrage.

Aujourd'hui ça y est, je suis prête à renouveler les connexions. J’estime que les personnes qui comme moi ont fait des transitions vers plus de sens sont légitimes pour jouer un rôle dans l’évolution positive de ces milieux où nous avons débuté nos carrières et tant appris.

Et je sais que nous sommes partout ! Cette quête de faire mieux et ensemble touche un maximum de personnes. La design thinker en moi voit bien que les choses sont déjà en route.

Les agences et les marques sont déjà activement en train de travailler sur leurs transformations. Par exemple, depuis deux mois un tiers des salariés de l’agence Big Youth se mobilise chaque semaine pour les Restos du Coeur, pour faire bon usage du capital temps généré par la baisse d’activité durant le Covid. On s'inspire les uns les autres et c’est fabuleux.

Quelles sont tes missions rêvées pour 2021 ?

Des marques qui veulent retravailler ou définir leur identité de façon humaine et authentique, des équipes qui veulent explorer leurs complémentarités naturelles pour mieux fonctionner ensemble, en comprenant par exemple les identités ayurvédiques de chacun comme je le fais souvent en coaching, des workshops de créativité et de codesign, créer des dossiers d’étude pour explorer les nouveaux sens dont notre monde a besoin, selon les secteurs ou populations. Animer des tables rondes et créer ensemble des contenus #Create4Good avec les organisations de toute taille. Je continue ? ;)